NoFap est une communauté en ligne qui encourage les hommes (et même les femmes) à s’abstenir de la masturbation par périodes de 30 à 90 jours. Lancée en 2011 sur Reddit, NoFap.com est devenue une plateforme communautaire de santé sexuelle dédiée à aider les gens à surmonter leur dépendance à la masturbation et les informer sur les dangers que cette “addiction” pose.
Les adeptes du NoFap affirment que l’arrêt de la masturbation aurait un impact bénéfique sur la santé mentale, ainsi que sur la santé physique des hommes. Le NoFap permettrait notamment de vaincre la dysfonction érectile et booster le taux de testostérone.
Mais existe-t’il des preuves pour appuyer ces théories?
Qu’est-ce que le NoFap et quelles sont ses promesses?
Le NoFap n’est pas un concept récent. Les mouvements promouvant l’abstinence existent depuis des siècles. Néanmoins, cette communauté anti-masturbation basée sur Reddit a remis ces idées au goût du jour pour aider les hommes à surmonter leur problème d’addiction au porno et à la masturbation. Les membres se réfèrent à deux principes directeurs:
- Le porno est mauvais pour la santé mentale, il faut le bannir;
- La masturbation nuit à la santé physique des hommes et pourrait être à l’origine des troubles d’érection et d’impuissance, il faut donc à tout prix éviter de se masturber;
Les bénéfices prétendus de l’arrêt de la masturbation sont nombreux. Le NoFap permettrait de:
- Booster sa libido;
- Augmenter la satisfaction sexuelle;
- Avoir des orgasmes plus intenses;
- Pouvoir mieux apprécier les “vrais” rapports sexuels;
- Traiter la dysfonction érectile et les troubles liés à l’impuissance.
Mais est-ce que tout cela est vrai? Quelles sont les principales théories du NoFap et qu’en pense la science?
Le NoFap permettrait-t’il réellement de traiter l’impuissance masculine?
La testostérone a un impact majeur sur la santé masculine. Il a été démontré que le taux de testostérone affectait le sentiment de bonheur et de satisfaction. Un taux de testostérone très faible pourrait même induire la dépression. La testostérone est également associée à la croissance musculaire et à la performance physique (c’est pourquoi les hormones stimulant la production de testostérone sont interdites dans la pratique sportive). De nombreux aspects de la fonction sexuelle masculine dépendent de la testostérone. Alors, existe-t-il un lien entre le NoFap et la testostérone?
L’arrêt de la masturbation et le taux de testostérone
Afin d’étayer son propos, le mouvement NoFap ne s’appuie principalement que sur deux études soutenant les avantages de l’abstinence sexuelle comme moyen de booster le taux de testostérone.
La première étude a fait appel à dix hommes en bonne santé dont les taux de testostérone ont été mesurés avant l’orgasme et dix minutes après. Il s’ensuivit d’une période de trois semaines au cours de laquelle il leur a été demandé de s’abstenir de toute forme d’activité sexuelle. Après cette période, le processus a été répété. Les taux de testostérone ont été rapportés comme étant plus élevés après la période d’abstinence.
Malgré les résultats obtenus, cette étude n’est pas réellement représentative et ne met pas en évidence l’impact de l’abstinence sur le taux de testostérone. L’augmentation du taux de testostérone après la période d’abstinence était probablement due à l’excitation sexuelle en prévision du deuxième tour de l’expérience. En outre, les taux de testostérone dans la première série de tests sont presque les mêmes avant et après l’abstinence, et ne diffèrent que très légèrement dans la deuxième. Ainsi, en l’absence de données supplémentaires, il est impossible d’affirmer que l’abstinence booste la testostérone.
La deuxième étude a rapporté une augmentation des taux de testostérone de 45% après sept jours d’abstinence. Mais il s’agissait d’un pic à court terme. Ensuite, alors que les hommes ont continué de s’abstenir, le taux de testostérone est revenu au même niveau qu’avant le début de l’expérience, et n’a plus bougé. Il est peu probable que de telles augmentations transitoires du taux de testostérone aient un impact durable sur la santé masculine.
En revanche, d’autres études ont rapporté qu’il n’existait aucun lien direct entre l’arrêt de la masturbation et le taux de testostérone, ou que le taux de testostérone était même plus élevé après la masturbation.
La testostérone joue certainement un rôle important dans la santé sexuelle des hommes, mais la théorie selon laquelle elle serait en lien avec la dysfonction érectile n’a pas été scientifiquement prouvée.
L’impuissance masculine et la dépéndance à la pornographie
Une autre idée que partagent les adeptes du NoFap est que la surexposition aux contenus pornographiques aurait un impact destructeur sur la performance sexuelle des hommes.
En effet, le porno boosterait le taux de dopamine que produit le cerveau pendant la masturbation et l’orgasme. Cela rendrait l’érection et l’orgasme plus difficiles à atteindre pendant un rapport sexuel classique, la stimulation étant insuffisante.
Le fait de s’abstenir de regarder du porno pourrait alors contribuer à reprogrammer le cerveau, afin qu’il puisse répondre pleinement aux stimuli sexuels classiques.
Si cette idée paraît intuitivement intéressante, aucune étude scientifique n’est venue étayer ce propos.
En outre, cette théorie propose une simplification excessive de la manière dont est produite et fonctionne la dopamine dans notre cerveau.
Pour l’heure il est impossible d’affirmer que l’arrêt du porno soit en mesure d’affecter le taux de dopamine de façon à pouvoir traiter la dysfonction érectile.
Les attentes sexuelles démesurées et la dysfonction érectile chez les moins de 40 ans
En plus d’affecter la production de dopamine, le porno créerait également des attentes sexuelles démesurées chez les jeunes spectateurs, selon les théoriciens du NoFap.
En effet, l’objectivation de la femme et la mise en scène surréaliste dans le porno serviraient de référence malsaine aux hommes jeunes et induirait des attentes sexuelles auxquelles les rapports sexuels classiques ne seraient pas en mesure de répondre.
Et tout cela est bien vrai. Le porno objectifie les femmes et donne une image peu réaliste du sexe. Pourtant, la science n’a démontré aucun lien entre la masturbation, la pornographie et la dysfonction éréctile. Tout comme il n’a pas été prouvé que le NoFap, ou l’arrêt de la masturbation, pourrait contribuer à traiter l’impuissance masculine.
Certaines études affirment que le porno affecterait bel et bien la fonction sexuelle des hommes, tandis que d’autres rapportent le contraire.
Ainsi, il est impossible de se référer aux idées du NoFap concernant la masturbation et le porno dans le but de soigner la dysfonction érectile.
Sources
- Exton, M.S. et al. (2001) “Endocrine response to masturbation-induced orgasm in healthy men following a 3-week sexual abstinence,” World Journal of Urology, 19(5), pp. 377–382. Available at: doi.org/10.1007/s003450100222.
- EAU Resource Centre | EAU20V (no date). Available at: resource-centre.uroweb.org/resource-centre/EAU20V/202930/Abstract/.
- Jiang, M. et al. (2003) “RETRACTED ARTICLE: A research on the relationship between ejaculation and serum testosterone level in men,” Journal of Zhejiang University, 4(2), pp. 236–240. Available at: doi.org/10.1631/jzus.2003.0236.
- Purvis, K. et al. (1976) “ENDOCRINE EFFECTS OF MASTURBATION IN MEN,” Journal of Endocrinology, 70(3), pp. 439–444. Available at: doi.org/10.1677/joe.0.0700439.
- Italian men suffer “sexual anorexia” after Internet porn use – ANSA English – ANSA.it (2011). Available at: www.ansa.it/web/notizie/rubriche/english/2011/02/24/visualizza_new.html_1583160579.html.
Rob A. Hodge, fondateur de Primate360 et MasculineNotion. J’ai lancé mon premier site en 2022 pour les personnes qui souhaitent en savoir plus sur la forme physique et la ténacité et force mentale en général auprès de personnes qui ont réellement de l’expérience dans ces domaines et qui y ont réussi. Je suis là pour vous aider à obtenir des résultats. Je vous ferai savoir ce qui fonctionne réellement et ce qui ne fonctionne pas, tout est axé sur les résultats.
